Kacha Legrand / AUSTRALES

En réponse à l’invitation de La Forme, l’artiste Kacha Legrand a construit une exposition en prenant comme point de départ les claustras, ces éléments ajourés d’architecture dont elle a pu repérer la présence dans de nombreux bâtiments de la reconstruction au Havre et dont elle retrouve l’esprit géométrique dans les motifs répétitifs en béton qui encadrent les vitraux de l’Eglise Saint Joseph d’Auguste Perret. Entre fenêtre et grille, le claustra présente des qualités graphiques et plastiques mais également de transparence et de rythme qui s’inscrivent dans les préoccupations constitutives du travail de l’artiste. A partir de ces éléments déclencheurs et pour répondre à l’espace particulier de La Forme et à sa belle luminosité, Kacha Legrand a ainsi élaboré un duo de sculptures blanches qui viendra jouer avec l’espace et la lumière tout en dialoguant avec le spectateur. Un ensemble de dessins, de projets préparatoires et des volumes d’échelles différentes compléteront l’installation. Le titre que l’artiste a choisi pour cette exposition, Australes, évoque aussi bien l’autre côté de la Terre, l’air que la lumière des étoiles ; une invitation à l’expérience d’un voyage sensoriel au travers du filtre de ces écrans.

Cette exposition inaugurale de son nouveau lieu reste dans la continuité du projet de l’équipe de La Forme, explorer les liens entre art contemporain et architecture au travers de propositions in situ en relation le plus souvent avec l’architecture du Havre.

Juin-juillet 2018

Kacha Legrand est née en 1960 à Auchel, elle vit et travaille à Bois-Guillaume et enseigne à l’ENSA de Normandie. Diplômée de l’école d’art de Rouen elle montre régulièrement son travail dans différents lieux d’exposition en France et à l’étranger. Une série de dessins et une vidéo figurent dans la collection du Frac Normandie Rouen. Son travail vidéo a été montré notamment à Beyrouth, Ramallah, Marseille ou encore sur ARTE dans Die Nacht, la nuit.

Le point de départ de sa démarche se situe à la fois dans des formes mentales issues de collages et dans des éléments d’architectures, sortes d’extraction du réel, qu’elle s’emploie à réinterpréter. Ainsi, la forme née d’un collage deviendra volume puis délinéation ; un élément architectural extrait de son contexte par capture photographique deviendra dessin puis volume. Depuis quelques années l’artiste travaille sur un inventaire dessiné dans une tentative de rassembler des typologies. Ce corpus lui sert de tremplin à la construction d’éléments qu’elle montre sous forme de collections dans des installations blanches. Le fil conducteur de son œuvre est l’assemblage faisant référence au delà de son processus de fabrication, aux titres d’une série de collages rouges commencée en 2011. Elle recouvre ses volumes d’un pelliculage blanc afin de faire disparaitre toute trace de stratification. Tous les éléments autonomes en apparence sont en réalité interdépendants. Les sculptures sont comme les architectures du dehors, elles vivent ensemble et se côtoient pour entamer un dialogue avec l’espace. Kacha Legrand s’intéresse au temps et à l’espace. Son travail convoque des données com- me le ralentissement, l’étirement du temps et de la matière et engage un recentrement vers un espace contemplatif.