Patrice Balvay / Drawing by walking

Tokyo – Kamakura

Février-avril 2019

Drawing by walking est un projet entamé en résidence au Japon (TWS/TOKAS Residency) et achevé en résidence au Havre (Fort!). Le principe consiste à marcher une journée dans un arrondissement de Tokyo et à produire un grand dessin condensant cette marche le lendemain. Marcher très lentement dans l’espace clos et restreint d’un jardin peut être analogue à une longue marche dans un immense espace (Kamakura). Le corps traverse et produit le paysage. Jaillissement inattendu de la ligne, irruption de l’émotion vive permis par un jeu de contraintes.

Cette exposition présente une sélection de onze des dessins réalisés par l’artiste au Japon. Des facsimilés de ses cartes annotées de Tokyo et Kamakura ainsi que de son carnet de travail permettent de suivre d’un peu plus près son parcours.

En parallèle à cette exposition le MuMa montre dans le cadre de Retour du vaste monde les dessins réalisés au Havre suite à cette résidence.

Après sa formation aux beaux-arts de Paris, Patrice Balvay pratique la peinture en suivant l’analogie entre la surface de la peau et celle de la toile. Le tableau de-vient une succession de couches et nous suggère l’épaisseur de la chair ou bien son évanescence, comme dans sa série Les Médusés.

La taille de pierre, que Patrice Balvay a pratiquée dans sa jeunesse, marque son approche actuelle du dessin. En effet, l’impact du crayon sur le support prime et la feuille est considérée comme un bloc où chaque entame est irréversible. Dans ses séries Pierre noire et Craie blanche une ligne unique tisse de grands espaces flottants. Il pousse la pratique performative du dessin dans sa série Drawing by walking issue d’une résidence au Japon (TWS-Tokyo). Pour chaque dessin Patrice Balvay part d’un geste préconçu, qu’il répète, décline, rompt, comme pourrait le faire un danseur ou un jardinier. Le corps dans son entier, des orteils aux phalanges, imprime au crayon son tremblement, sa respiration, sa chute. Ce n’est plus la main qui guide le trait, mais plutôt la main qui suit la ligne. Cette non-maîtrise recherchée est pour l’artiste la condition nécessaire pour que la ligne s’apparente à une expérience et devienne pour ainsi dire vivante.

Patrice Balvay est actuellement en résidence au Havre au Fort!, lieu de création pluridisciplinaire. Les caractéristiques de cette ville inspire sa pratique : les incessantes variations de lumières, les espaces flottants des bassins, la cité disparue qui hante la ville reconstruite. Une ville, avec ses béances, ses alignements, ses dénivelés, ses immenses étendues portuaires, qui s’arpente comme un paysage.